Chapelle du Verbe Incarné
21G rue des Lices
84000 Avignon
« Moun Koubari » a été créée en 1990, nous sommes en 2020, voilà 30 ans déjà ! Et pratiquement chaque jour, je croise quelqu’un qui me parle de cette pièce ; soit pour me lancer une réplique ; soit pour me dire comment celle-ci lui a servi de refuge et de repère culturel durant ses études dans le froid et la grisaille d’en France Hexagonale ; soit encore pour se vanter d’avoir vu et revu cette pièce en salle et sur cassette vidéo un nombre incalculable de fois sans jamais se lasser.
Pourquoi Asyat, Dédé, Albè et Léon , Yvonnèt et Gonbo ont-ils suscité chez le public un tel engouement, un attachement aussi durable ? Le lecteur y apportera la réponse de son choix.
Ce qui m’a inspiré pour baptiser le lieu où se déroule l’action : « Koubari », c’est cet arbre majestueux, plus que centenaire qui se trouvait sur le chemin d’école de mon enfance. Le koubari doit probablement garder traces de la misère des petits peuples et de leur cheminement vers des lendemains incertains. Il n’en est pas moins soucieux de fournir le bois avec lequel se construit l’espoir de vivre des fraternités têtues.
Le koubari de mon jeune âge a dû être mon syllabaire. Il mettait tous les jours face à face, certains petits négrillons qui revenaient frustrés de l’école de Jules Ferry, sur une scène ombragée pour se défier dans d’héroïques combats devant un public turbulent et enthousiaste.
Un morne à Petit-Bourg, la commune qui m’a vu grandir, porte ce nom, comme pour dire la procession des personnages en route vers des mémoires écloses. Il m’ar- rive parfois de me demander s’ils ne sont pas venus me visiter dans des songes insondables.
Tant de moun de Guadeloupe, Martinique, Guyane, Paris… se sont approprié « Moun Koubari »…. Peut-être pour se dire que vivre c’est se raconter. Le théâtre y exerce sa grande vigie.
José Jernidier