L’histoire de la Chapelle du Verbe incarné, à partir du moment où elle a commencé d’être un lieu de théâtre, confirme un tel cheminement, et consacre un tel passage, de l’invitation à la Relation, à la présence de la diversité, au chant du monde chanté par les poètes.
Nous nous y reconnaissons donc, qui entrons ensemble dans cette nouvelle région du monde (un théâtre de la totalité), que nous nous offrons mutuellement.
Grâces en soient pour cette fois rendues à Marie-Pierre Bousquet et à Greg Germain. Grâces en soient louées, pour les vieilles pierres et les mots neufs. De la face de cette Chapelle au remuement du monde. La façade de tout théâtre, ou l’ouverture d’espace qui en tient lieu, est de toutes les manières une horloge muette qui mieux que tout oracle nous indique l’heure qu’il est dans notre vie.
La vie du théâtre, dans sa recherche de cette totalité qui ne serait pas totalitaire, est d’abord de tremblement. Ce qui nous étonne dans la programmation de ce lieu-ci, la dixième année en fut fêtée le 13 juillet 2007, était-ce un vendredi de bonheur, c’est qu’elle nous a donné à fréquenter des installations de scène qui ont allié les calmes sérénités des traditions les plus fondées, ou leurs transports les plus ingénus, d’Océanie, de la Caraïbe ou des Amériques, aux hésitations de formes de théâtre qui s’essayaient là et qui, venues elles aussi du monde, approchaient en effet le monde, tâtant et devinant.
J’ai conçu merveille d’une telle offrande.
Il n’était pas étonnant qu’un tel effort fût mené en Avignon, où les théâtres de vrai se bousculent, s’interrogent et s’insurgent, et où les fumées montent de partout, parmi les carnavals d’affiches et les bals d’échasses.
Ces fumées des flambeaux, flambées des mots qui brûlent en chacun, sont un autre lieu de mise en scène du monde, comme le sont éternellement nos Baies et nos Anses, autour de leurs Rochers prophétiques. »
– edouard glissant
Bâtie au XVIIème siècle, la Chapelle du Verbe Incarné est un monument historique classé mis à notre disposition par la Ville d’Avignon depuis 1998.
Il a fallu de gros travaux et beaucoup de minutie pour créer une salle de spectacle viable dans ce lieu chaleureux chargé d’histoire. Une histoire que nous continuons à écrire avec les compagnies, nos équipes techniques et le public.
Les religieuses de l’Ordre du Verbe Incarné firent appel au frère Urbain Guiran pour bâtir la chapelle en 1685. Au XVIII, Avignon fut la vitrine de la contre réforme.
L’installation de nouveaux ordres et congrégations religieuses nés de la réforme catholique dota la ville de belles constructions religieuses (chapelle, cloître, bâtiment…).
Jusqu’à la révolution, les chantiers de construction et d’embellissement se succèdent, ceux de l’Eglise du Verbe Incarné (1703) s’unissent dans ce courant. Malheureusement, le bas-relief de l’imposte de la porte d’entrée fut buché pendant la révolution et la chapelle fût fermée en 1792.
Vendue le 4 Décembre 1796, cette chapelle fut un magasin de tanneur puis d’imprimerie. De l‘intérieur de l’Eglise, il reste aujourd’hui peu de chose. La surface actuelle de la salle de théâtre correspond à celle de la chapelle à l’époque. Le volume est coupé par un plancher intermédiaire. On peut apercevoir les voûtes originelles dans le salon au 1er étage.
La façade principale donnant sur la rue des Lices est sensiblement modifié par rapport au projet initial. La façade de la chapelle s’inscrit dans le style de trois siècles d’architecture baroque. Elle comprend deux ordres d’architecture, ionique à l’inférieur, corinthien au supérieur.
Il reste peu de chose de la Chapelle du Verbe Incarné si ce n’est une façade, un déambulatoire et quelques vestiges…